Célébration de la Journée Internationale de la Paix
La journée internationale de la paix est célébrée le 21 septembre de chaque année. Elle est dédiée à la paix et particulièrement à l’absence de guerre, qui doit se manifester par un cessez-le-feu dans les zones de combat. Elle est observée dans de nombreux pays depuis sa création en 1981. Pour cette année, l’assemblée générale des Nations unies a déclaré que cette journée serait consacrée au renforcement des idéaux de paix au sein de toutes les nations et dans tous les peuples. Le thème choisi pour cette année : « façonner la paix ensemble » est alors fort illustrateur à ce propos, car il s’agit de construire la paix dans un contexte mondial marqué par la pandémie du covid-19 et une résurgence des tensions internationales, sans oublié les multiples conflits internes que l’on rencontre un partout dans le monde et surtout en Afrique.
Contexte de la célébration au Cameroun
Au Cameroun, la journée internationale de la paix c’est célébré dans un climat délétère assez particulier marqué par une double crise : une crise ou conflit dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest (NOSO) qui dure depuis quatre ans déjà à laquelle s’ajoute une crise socio-politique née de l’élection présidentielle d’octobre 2018. Fort de ce constat, relativement au thème de cette journée et en droit ligne avec ses missions principales de contribution a une transformation sociale non violente et de création d’une société de participation fondée sur la justice, la paix et la réconciliation, le service œcuménique pour la paix (SeP) s’est donné pour objectif de tabler sur les défis et enjeux d’une construction de la paix au Cameroun question de sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité d’une construction d’une paix véritable et durable au Cameroun.
Comme dans plusieurs pays d’Afrique en général et de la sous-région Afrique centrale en particulier, la paix au Cameroun est de plus en plus mise en péril au profil de crises diverses dont les plus visibles au plan national et même international sont : le conflit dans le nord-ouest et le sud-ouest et la crise socio-politique que traverse le pays. À côté de ceux-ci gravitent d’autres crises de petite ou moyenne envergure, mais dont les conséquences sont toutes aussi néfastes pour la construction de la paix au Cameroun. On peut citer entre autres l’exacerbation des crises d’appartenances qui se traduisent par des oppositions sans cesse croissantes (violentes ou non violentes) entre les groupes de différentes communautés ethniques camerounaises et les stigmatisations et véhémences des propos tribalistes et haineux sur les réseaux sociaux pour ne citer que ceux-là. Le processus de construction d’une paix véritable et durable au Cameroun fait donc face à de nombreux défis.
Les défis
Les défis que le Cameroun doit surmonter pour pouvoir construire la paix sur le triangle national sont visibles de manière générale sur trois grands axes principaux : au plan politique, au plan économique et au plan social.
Au plan politique, la démocratie, la gouvernance, la résolution de la crise anglophone et la crise politique issue des élections présidentielles de 2018 sont des défis majeurs dans le processus de construction de la paix au Cameroun. En effet, au Cameroun, le respect des principes démocratiques est de plus en plus mis à l’écart notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La gouvernance quant à elle est décriée par quasiment tous les acteurs du champ politique et social, car le Cameroun est gangréné par la corruption, le détournement de denier public, le clientélisme et le népotisme. Pour ce qui est de la crise anglophone et la crise postélectorale, de véritables solutions de sortie de crise n’ont pas encore été trouver. Ainsi, le conflit dans le NOSO continue de faire des déplacés et victimes, tandis que la sphère politique camerounaise demeure instable.
Au plan économique, une mauvaise redistribution des richesses du pays, le chômage de masse des jeunes, le sous-emploi et le sous-développement sont autant de défis à relever pour construire une paix véritable. En effet, au Cameroun, il y a une iniquité dans la mise à disposition aux différentes régions des dividendes issues de l’exploitation des ressources naturelles du pays. Les régions de l’extrême nord, du nord et de l’Est témoignent à suffisance de cet état de fait. Sur toute l’étendue du territoire, les jeunes qui constituent environ 70 % de la population sont au chômage, le sous-emploi et le sous-développement sont perceptibles à la fois dans les grandes métropoles, mais aussi dans les zones rurales. À tout ceci s’ajoute la dette économique qui pèse sur le Cameroun du fait des exportations à outrance auquel le pays se livre.
Au plan social, le fait le plus marquant est l’essor du tribalisme qui gangrène la société de l’intérieur, met à mal la cohésion sociale et le vivre ensemble. À ceci s’ajoute l’insécurité grandissante que vivent les populations au quotidien.
De ses quelques défis suscitées, il ressort que les enjeux de la construction de la paix au Cameroun sont tout aussi énormes. Ils se déclinent sur deux grands axes : premièrement au plan national et deuxièmement au plan international.
Les enjeux
Au plan national, globalement, l’enjeu principal est le développement et la stabilité du Cameroun. Car sans construction d’une paix véritable, il sera difficile pour ce pays d’atteindre l’émergence à l’horizon 2035 tel que fixé par le chef de l’État. Plus concrètement, il est de bon ton que la nation camerounaise embrasse véritablement la paix et ceci dans le souci de pacifier les peuples, réduire les antagonismes ethniques et ethno-politiques, stimuler la cohésion sociale et le vivre ensemble entre Camerounais, l’idée étant d’empêcher qu’on assiste à une « rwandadisation » du Cameroun.
Au plan international, il faut noter que la situation de stabilité ou d’instabilité d’un État constitue un critère pouvant pousser les investisseurs économiques à s’installer ou non dans cet État. Partant de là, il est clair qu’un État où se vivent des crises et conflits multiformes ne peut pas attirer d’investisseur. Ceci nous amène alors à penser que la construction de la paix au Cameroun est une nécessité, mieux encore un préalable a toute possibilité de développement. Aussi, considérer comme le grenier de la communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun est pour cette communauté un acteur majeur dans les échanges commerciaux qui ne peuvent se faire qu’en temps de paix. D’où la nécessité de construire la paix au Cameroun.
Arnold NGUEABOU MBAZO
Stagiaire